Nos émotions : nos guides intérieures si mal connues et si mal considérées alors qu’elles sont là pour nous dire et nous faire comprendre à quoi faire attention et nous permettre d’avancer dans la vie.
C’est fou quand même ! Quand on y pense ! Nous avons là, sous la main une belle panoplie d’émotions qui nous guident à travers la vie et nous ne savons même pas les écouter. Parfois, nous ne les entendons même pas.
Nous ne sommes pas à blâmer. Si seulement nous avions reçu quelques cours sur les émotions quand nous étions à l’école primaire, nous n’en serions pas là aujourd’hui à nous demander ce qu’il nous arrive.
Et c’est pas le temps que ça prend que d’apprendre à nos enfants (et à soi), à quoi servent nos émotions. C’est assez simple dans le fond. Après, reste à pratiquer l’écoute et l’attention à soi (puis aux autres). 😊
Précision : L’idée de « gérer ses émotions » ici, n’est surtout pas l’idée de les contrôler, les maitriser ou les étouffer. C’est avant tout l’idée de les accepter (elles font parties de nous), et de les écouter pour les comprendre.
Tour d’horizon de nos émotions primaires et signification de leurs messages
Qu’est-ce qu’est une émotion ?
C’est avant tout une réaction psychophysiologique à un stimuli extérieur (un évènement identifié consciemment ou non consciemment) ou intérieur (une pensée ou un souvenir conscient ou non conscient). Chaque émotion se caractérise par des réactions physiologiques communes mais aussi spécifiques à chacun. On a rarement peur dans le pied. 😊
Après la réaction physiologique ressentie (même si parfois, nous n’y prêtons pas attention), nous nommons l’émotion comme on peut. Il est assez fréquent qu’à ce stade des larmes soient interprétées comme de la tristesse, alors que c’est de la peur ou de la colère… Les larmes ne suffisent pas pour indiquer la nature précise de son émotion. D’ailleurs quand on est triste, on ne pleure pas systématiquement. « T’es même pas triste, tu pleurs pas ! », « Si pourtant… »
Pour résumer, l’émotion est avant tout une réaction physiologique du corps qui « raconte » quelque chose sur ce que nous sommes en train de vivre. Nous appelons aussi les émotions : les « messagers » (et parfois on ne comprend pas bien le message 😊).
Pour le coup, ces messagers provoquent des réactions qui nous dépassent. Les émotions s’expriment sans que nous puissions les éviter. Au pire, nous faisons comme si nous ne les voyions pas (déni), mais elles sont bien là. Ce qui peut d’ailleurs faire apparaitre des problèmes de stress, de douleurs chroniques ou somatiques, des troubles du sommeil… Bref, le corps tente par d’autres moyens de se faire entendre et de provoquer chez nous une réaction, une (re)mise en mouvement. La définition du mot « émotion » (dont la racine latine est « emovere ») est remuer, mettre en mouvement.
L’émotion est donc une réaction visant à nous faire réagir dont la durée varie de quelques secondes à quelques minutes. Si l’émotion s’installe dans le temps, nous parlerons de sentiment (voir plus bas).
Les émotions primaires peuvent se combiner entre elles, pour donner des émotions secondaires :
Les sept émotions primaires que je vais parcourir avec vous sont dites universelles. Elle se ressentent partout sur la planète indépendamment de toute culture et s’expriment par des expressions faciles communes (en plus des réactions physiologies internes). Paul Ekman les a largement étudiées à travers la planète (voir biblio plus bas).
Les sept émotions dites primaires sont :
- La joie
- La tristesse
- La surprise
- Le dégoût
- La colère
- Le mépris
- La peur
Avant d’attacher vos ceintures et d’aller plus loin, quelques précisions avant le voyage :
- Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles délivrent un message. Elles sont toutes à considérer.
- Quand vous traversez une émotion, vous tenez l’endroit (le côté face) d’une pièce. Et cette pièce n’existe que parce qu’elle a aussi un envers (le côté pile). La paix n’existe que parce que la guerre existe. La tristesse fait souvent écho à la douleur de la perte de quelque chose ou de quelqu’un qui nous a mis en joie.
- Une émotion est une très belle occasion de faire connaissance avec soi (connaissance de soi). Elle ne contient pas la raison d’être du pourquoi on est comme on est, mais elle permet de nous décrire et de nous construire sur cette base. Il y a parfois ici des éléments de notre être qu’il peut être intéressant d’intégrer plutôt que de rejeter. Mais l’acceptation de soi est un autre sujet (même si connexe).
- Les émotions peuvent toutes être ressenties à priori (futur, anticipation), à postériori (passé, souvenirs) ou au moment présent. Mais certaines émotions sont plus généralement tournées vers un temps spécifique que je présente au début de chaque émotion.
- Pour chaque émotion, notre capacité à l’éprouver, à l’exprimer, à l’accueillir ou à accueillir celle de l’autre se pose.
Prêt.e.s à aller à la rencontre de vos émotions ? C’est parti !
La joie :
Cette émotion est plutôt tournée vers l’instant présent.
Tout semble réuni en cet instant présent pour répondre à vos besoins. L’instant est heureux parce qu’il est aligné avec vos valeurs, que vos besoins sont comblés, qu’il réunit ce qui vous anime et ce qui est important pour vous dans la vie.
Ces moments sont intéressants à relever parce qu’ils contiennent beaucoup d’ingrédients rentrant dans la composition de votre recette du bonheur. Tous les ingrédients ne sont pas toujours faciles à réunir, mais ça reste un cap à suivre et un chouette moment pour aller à sa propre rencontre.
Les éléments à relever peuvent concerner les lieux, les personnes, les activités ou les objets.
Cultivez la joie et vous récolterez le bonheur. 😊
La tristesse :
Cette émotion est plutôt tournée vers le passé.
Cette émotion raconte que quelque chose qui a existé dans votre passé se termine. De la disparition d’un être chère, à la fin des vacances en passant par une rupture amoureuse, la tristesse nous raconte toute la joie ressentie dans le passé dont on se dit que l’on ne la retrouvera plus.
La tristesse c’est le renouveau. C’est le moment de réinventer sa vie (à plus ou moins grande échelle), de passer à autre chose, de tourner une page. Il s’agit souvent de faire ici le deuil (acceptation) d’un passé regretté. Mais comme indiqué dans mon article sur le deuil, tourner la page ne signifie pas oublier. Il est tout à fait possible de garder le meilleur du vécu passé et de continuer à avancer autrement, différemment.
La tristesse raconte aussi, comme la joie à sa manière, ce qui est important pour nous, ce qui compte et qui nous (a) fait vibrer.
S’arranger pour retrouver (dans la mesure du possible) les ingrédients laissés derrière, accepter la perte de ceux qui ne peuvent pas être retrouvés et se réinventer un avenir différent.
La fin de quelque chose est le début d’autre chose.
La surprise :
Cette émotion est plutôt tournée vers l’instant présent.
Cette émotion raconte que nous faisons face à quelque chose de surprenant, de nouveau ou qui diverge de notre façon de faire ou de voir le monde.
Elle permet d’intégrer l’élément de surprise (perçu comme « surprenant ») à notre vie si nous la considérons à notre goût. Elle est source d’évolution et d’inspiration pour la suite.
De manière antagoniste, elle peut appuyer des choix de vie que nous aurions fait (consciemment ou non consciemment), et nous conforter dans l’idée que « ça » (l’objet de notre surprise) ne nous convient pas.
Notez encore, comment l’émotion est ici source d’attention à soi et de connaissance de soi. La surprise nous conforte ou nous heurte quasiment instantanément.
La surprise est fugace et très imprévisible. Elle nous fait nous sentir vivant et nous fait réaliser à quel point nos émotions dépassent notre conscience du monde. On se fait souvent surprendre par notre émotion. Nous sommes souvent surpris avant même d’avoir compris pourquoi.
Être attentif à la vie et se laisser surprendre. Les surprises parlent de nous, de notre être profond et intime.
Le dégoût :
Cette émotion est plutôt tournée vers l’instant présent.
Cette émotion raconte que le contenu de notre pensée n’est pas en accord avec ce que j’aime ou j’apprécie de la vie. Si le dégoût est tourné vers le passé (et impactant au présent), il y a sans doute une phase d’acceptation à réaliser. Tourner vers le présent, il faut sans doute fuir la situation d’une manière ou d’une autre et d’envisager d’y travailler si la fuite n’est pas la solution. Orienté vers le futur, le dégoût indique qu’il convient de réorienter ses actions et d’envisager un scénario différent.
Comme une boussole, cette émotion permet d’adapter nos actions à ce que nous sommes et de s’aligner à la vie qui nous convient le mieux.
La colère :
Cette émotion est plutôt tournée vers l’instant présent.
Nous avons tous des valeurs ou des besoins. Où qu’ils aient été appris, nos valeurs et nos besoins guident nos choix, nos comportements et orientent une grande partie de notre vie.
La colère survient lorsque nos valeurs ne sont pas respectées ou nos besoins ne sont pas comblés.
La colère est encore une fois l’occasion de prendre conscience de nos valeurs/besoins et des limites que nous ne sommes pas prêts à voir franchir. La question de savoir si nos valeurs/besoins doivent être révisées ou respectées se pose. Elle se pose en fonction de ce que nous désirons profondément faire de la situation rencontrée.
Sans considérer la situation du point de vue du bien ou du mal, c’est une opportunité de faire le point sur notre mode de fonctionnement par défaut (ici mis en lumière) et de confirmer ce qui est important pour nous de voir respecter. Être aligné avec ses valeurs/besoins, c’est donc se faire respecter pour vivre en harmonie et en cohérence avec soi et se montrer vrai et authentique avec les autres.
Le problème que la colère soulève souvent c’est qu’elle est mal exprimée ou exprimée avec maladresse et parfois violence. S’il est sain d’exprimer sa colère, encore faut il savoir le faire dans le respect et l’intégrité de l’autre. Nous sommes parfois en colère sans savoir profondément pourquoi et démunis face à cette émotion, nous l’exprimons parfois sans filtre. Se connaitre, c’est faire plus que montrer que l’on est en colère. C’est aussi pouvoir indiquer à l’autre les raisons de sa colère pour que le système (soi et l’autre) puisse décider de s’adapter pour continuer la relation ou décider d’arrêter la relation (incompatibilité d’humeur).
Ne pas exprimer sa colère (par peur de sa manière de l’exprimer ou de la réaction de l’autre) pose tout autant de difficultés. C’est se manquer de considération. C’est là que l’on peut éprouver du mépris pour soi et finir par retourner sa colère contre soi. Mélangée à la culpabilité de vivre la situation de cette manière, ça peut vite devenir complexe.
Le mépris :
Le mépris est une émotion plutôt orientée vers l’instant présent.
Souvent issu d’un apprentissage (éducation, expérience de vie), le mépris est l’expression d’un jugement que l’on porte à l’autre par rapport à sa propre vision du « bien » et du « mal ». Mais alors que l’expression du mépris peut être détectée sur le visage de quelqu’un, l’émotion identifiée n’est en fait pas tournée vers l’autre mais vers soi. Il est tout à fait possible de se mépriser et de l’exprimer non consciemment (visage, ton de vois, mots utilisés).
Le mépris nous donne le sentiment de savoir pour l’autre ce qui convient de faire ou pas (bien/mal) et de juger son attitude ou ses actions comme inappropriés. C’est vraiment l’idée de juger l’autre sans le considérer dans son entièreté, de comprendre son histoire de vie et de regarder de quelle manière il essaie de composer sa vie pour s’en sortir, pour trouver son chemin.
Le dalaï-lama nous apprend qu’ici la gratitude et la compassion sont de meilleures attitudes pour accueillir l’autre (ou soi) comme il est.
Une fois le mépris éteint, écoutons voir s’il reste de la colère et/ou du dégoût pour envisager ce qu’il convient de faire ensuite.
Très orienté acceptation de l’autre (ou de soi) comme il est (ou comme je suis), le mépris est un très bon indicateur d’évolution personnelle dans son rapport aux autres (et à soi). Qui suis-je pour juger ? Et si je juge l’autre, n’ai-je pas peur du jugement de l’autre envers moi ?
La peur :
La peur est une émotion très orientée vers le futur. 90% de nos peurs sont des peurs fantasmées, irraisonnées et hypothétiques, qui ne se réaliseront pas. Rien que de savoir ça, ça détend non ? 😊
La peur est une chouette émotion qui met l’accent sur l’importance de ce que l’on s’apprête à vivre.
Si on a peur de parler en public ça peut vouloir dire que ce que nous nous apprêtons à partager est important pour nous et que l’on veut bien faire passer notre message.
La peur est une incitation à s’adapter/se préparer à l’action à venir.
(Je ne veux pas simplifier la peur de parler en public à outrance, il peut y avoir d’autres peurs, comme la peur du rejet par exemple. C’est une peur archaïque qui raconte que l’on a peur de ne plus faire partie du groupe. Elle fait partie, à notre époque, d’une peur fantasmée 90% du temps. A l’époque de nos ancêtres préhistoriques, être rejeté du groupe signifiait souvent la mort. On a bien évolué non ? 😊)
Si on a peur de sauter en parachute, c’est pour rester très attentif et très concentré sur la manière dont nous avons plié notre parachute, le moment où nous allons ouvrir notre parachute, etc… C’est avant tout pour nous protéger d’un potentiel danger.
Avant même de vouloir la supprimer, le simple fait de la reconnaitre et de rester focus sur ce qui est important permet de l’apaiser.
En synthèse, la peur est là soit pour performer, soit pour nous protéger.
Et c’est quoi les sentiments ?
Pour rappel, une émotion est une réaction psychophysiologique qui dure de quelques secondes à quelques minutes. Sa micro-expression faciale peut même ne durer que quelques millisecondes (¼ à ½ seconde).
Un sentiment est une émotion qui dure un peu plus longtemps (de l’ordre de quelques minutes à quelques heures).
Et un sentiment qui dure dans le temps (quelques jours à quelques semaines) se transforme en humeur.
L’humeur qui dure plusieurs mois se transforme en tempérament.
Enfin, un tempérament au long cours (plusieurs années) devient un trait de personnalité.
N’avez-vous pas déjà rencontré des gens qui ont toujours le sourire et la pêche ? 😊
Conclusion :
Les émotions représentent un formidable outil d’évolution personnelle.
Je ne fais pas l’apologie d’une attention exclusive et permanente à soi, mais quand « ça ne va pas », un focus sur ses émotions permet souvent de mieux se comprendre.
Je pense même que c’est le travail de toute une vie que de se connaitre. Le monde est impermanent, nous nous adaptons en permanence. Mais même si nous sommes profondément et intimement les mêmes, nous évoluons aussi en permanence.
Et si parfois nous avons besoin d’aide extérieure pour faire le point et prendre du recul pour voir ce qu’il n’est pas toujours simple de voir soi-même sur soi, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’informations sont assez facilement disponibles dès lors que l’on prend conscience du rôle des émotions et de la nature de leur message dans notre vie.
J’espère que cet article vous aura donné les premiers repères, au cœur de vos propres émotions.
PS : Cet article a été écrit sous « OST » (Original Sound Track 😊). Celle du film Blade Runner 2049, qui propose, un chouette voyage.
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Bibliographie et infographie :
Je vous partage ici quelques références intéressantes pour aller plus loin sur le sujet des émotions. La première, concernant l’intelligence émotionnelle (quotient émotionnel), décrit de quelle manière la capacité d’interpréter ses propres émotions et celle des autres représente un avantage considérable dans la vie et l’interaction sociale. Cette intelligence spécifique présente des intérêts bien supérieurs à ce que l’on appelle l’intelligence intellectuelle (quotient intellectuel).
Un livre pour adulte : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman
Un livre pour adulte : Je sais que vous mentez de Paul Ekman
Un livre pour enfant : La couleur des émotions – Un livre tout animé
Un esnemble de BD très bien faites : Emotions : enquête et mode d’emploi, Tome 1
Emotions : enquête et mode d’emploi, Tome 2
Emotions : enquête et mode d’emploi, Tome 3
Un jeu collaboratif pour tous : Le Monstre des couleurs – Jeu de société
Un film pour tous : Vice-versa (film d’animation, 2015)
L’excellente émission « C’est pas sorcier » sur les émotions, à partager en famille :
L’excellente série « Et tout le monde s’en fout ! » qui traite avec beaucoup d’humour et de manière très claire et didactique les émotions :
Et du même auteur, un excellente mise en scène des émotions en notre for intérieur :
La peur !
Cette excellente vidéo où nous pouvons la voir, la regarder, se rendre compte de son fonctionnement.
Simple et efficace, cette vidéo nous explique nos mécanismes liés à l’anxiété et aux angoisses.
Dans 98% des cas, nos peurs imaginaires, anticipées, ne se transforment pas en réalité.
Source : https://www.pnas.org/content/111/2/646
Et une synthèse des micro-expressions de Paul Ekman (qui n’est pas l’acteur de la série « Lie to me », même si la série est tirée de ses travaux et que Paul Ekman a contribué à sa réalisation) :
Le langage corporel / The body language, où comment notre corps dit tout à notre insue.
Et vous ? Comment gérez-vous vos émotions ? On en parle ?
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Bravo pour cet article exhaustif sur les émotions! J’adhere a tout!
Merci Léa pour ton retour, c’est toujous plaisant d’avoir des retours de ceux qui l’ont lu. 😉
C’est le but. 🙂